Après de longues recherches pour trouver notre logement lors de nos vacances à Santorin, nous avons finalement trouvé notre bonheur dans une habitation traditionnelle. Découvrez les caractéristiques de ces maisons ou il fait bon vivre !
À la découverte de Finikia
Quand nous avons commencé à chercher un logement à Santorin, j’avais une exigence : habiter dans une maison traditionnelle. Nous avons commencé par regarder les locations à Oia et Imérovigli, mais sur la Caldera les prix s’envolent. Les petites maisons blanches suspendues au dessus de la Mer Egée se louent à prix d’or. Je ne voulais pas m’éloigner d’Oia, alors nous avons persévéré pour finalement trouver notre bonheur. Nous avons habité une Yposkafa : la maison troglodyte typique de Santorin. Nous logions dans le village de Finikia à l’Est d’Oia. Finikia est implantée sur l’autre versant de l’île qui s’incline en pente douce depuis les falaises de la Caldera. A l’origine, ce quartier d’Oia était habité par les agriculteurs et vignerons. Ces habitants étaient à l’écart de la population navale qui logeait soit sur la falaise (équipage des bateaux) soit sur les hauteurs d’Oia en occupant de plus grands terrains (capitaines).
Pour nous, c’était l’emplacement parfait. Après avoir laissé notre voiture sur un parking, nous accédons à la maison à pieds. En effet, comme à Oia, le cœur de la ville est composé de petites ruelles qui ne se parcourent qu’en marchant ou éventuellement à dos d’âne. Nous mettons moins de cinq minutes du parking à l’entrée de la maison. Ici pas de boutiques souvenir et de maisons habitées uniquement par des touristes ! Notre maison était entourée de résidences principales et de quelques restaurants.
Pour rejoindre Oia et sa partie piétonne nous mettions moins de dix minutes à pieds et pour aller jusqu’à l’extrémité de l’île (Oia et son ancien château) nous mettions trente minutes. Nous avons pu bénéficier des avantages d’Oia sans les inconvénients. Car Oia est vite envahie de monde et la ville entière semble être à louer. À Finikia, nous entendions parler grec et nous avions le sentiment d’être immergés dans la vie locale, de prendre les mêmes habitudes de vie que nos voisins. Nous avons pris plaisir à explorer la ville, on y retrouve les mêmes formes architecturales qu’à Oia, mais elles sont plus libres, plus colorées. On s’éloigne un peu de la carte postale, pour être envouté par un charme vrai, sincère et authentique.
Espaces extérieurs
Après avoir serpenté dans les petites rues de Finikia, nous arrivons devant deux portes en bois grises entourées par une maçonnerie blanche irrégulière, comme sculptée. Les marches blanches et grises de l’espace public laissent place à de longues marches grises. Ca y est, nous sommes chez nous. La maison s’élève en haut, fière, comme une sculpture blanche moderne sur la face à l’archipel égéen infini. Nous montons ces marches entourées de murs blancs hauts et épais. Ce chemin est assez étroit, comme un couloir. Arrivés en haut, les dernières marches s’élargissent jusqu’à devenir des grandes terrasses. La maison est divisée en deux façades qui correspondent à deux habitations. Ces petits volumes blancs se prolongent à l’intérieur de la terre.
Face aux maisons, s’étendent de larges terrasses divisées en trois grands espaces. Une pour chaque maison et une autre, plus vaste, partagée. Cette dernière fait face à la Mer Egée. Ces grandes terrasses sont une caractéristique des maisons traditionnelles de Finikia. Ces maisons d’agriculteurs bénéficiaient de grandes cours. Elles abritaient une citerne pour récupérer l’eau, plusieurs espaces de rangement et des abris pour les animaux. Ce système de terrasse en escalier permet de s’adapter à la pente, de créer des espaces singuliers et de les hiérarchiser entre eux. Le sol des espaces communs est gris alors que les espaces privatifs sont en pierres. Cette différence de matérialité subtile nous oriente inconsciemment. Des murs blancs épais, de toutes hauteurs, viennent marquer les limites du terrain de la maison. Ils enveloppent la propriété. Parfois, ils s ‘épaississent assez pour ménager une assise.
Leur apparence irrégulière, organique, se rapproche d’une sculpture. Les formes blanches qui en résultent sont simples, pures, elles semblent appartenir au lieu. Une famille chat nous rendait visite tous les matins, nous partagions notre terrasse et notre petit déjeuner avec ces voisins peu farouches. Un jardin est aménagé entre les terrasses. Plus sec que verdoyant, il abrite quelque plantes robustes, résistantes à la chaleur. Les espaces extérieurs sont conçus avec la même finesse que les espaces intérieurs. Avec le climat de l’île, ils sont tout aussi importants et sont de vrais espaces de vie. Ils offrent une vue dégagée sur la Mer Egée et donnent la sensation de ne faire qu’un avec le paysage.
Cave House
Notre merveilleuse hôte Maria nous invite à rentrer dans notre maison. La porte s’ouvre sur l’espace salle à manger sous une belle hauteur sous plafond. Une cuisine en long occupe le mur gauche. L’espace se prolonge et un ingénieux jeu de marches vient délimiter le séjour et créer un canapé. La chambre est ouverte sur le salon. Une belle ouverture en arcade révèle l’épaisseur des murs et invite à y entrer. Dans la chambre, la hauteur sous plafond est moins importante. Une petite ouverture donne sur une niche occupée par un puits vitré. Maria nous apprend que le vin était entreposé à cet endroit.
Elle nous explique que notre maison est une « cave house », elle était habitée par des vignerons. De l’autre coté du puits se trouve une porte (la seule dans ces espaces fluides). Derrière elle, une salle d’eau est aménagée. Une petite fenêtre lui permet d’être éclairée par la lumière du jour et d’être ventilée. La hauteur sous plafond de la salle de bain est encore plus basse, nous sommes comme dans un cocon. Tous les volumes originaux ont été conservés lors de la rénovation.
Le projet a redonné vie à ces murs. Il met en valeur les éléments morphologiques traditionnels des habitations de Santorin tout en apportant une touche très contemporaine. On retrouve les beaux murs blancs épais aux formes souples. Les volumes, la structure, les ouvertures et les éléments typiques de l’habitation ont été préservés et mis en valeur. Les couleurs sont restreintes : du blanc pur pour les murs et le plafond et du gris pour le sol. Les parois de la salle d’eau sont revêtues d’un gris-brun chaud qui, par sa matérialité, vient accrocher la lumière et se révéler dans une infinité de nuances. Les autres apports de couleurs sont d’avantage des matériaux que des couleurs : du bois, du métal, du tissu imprimé. Il s’agit d’une œuvre totale. Les meubles semblent sculptés dans les parois. Ils appartiennent à la maison. Les autres meubles sont choisis avec soin et apportent une touche contemporaine : une belle table en bois, des poissons en relief sur le mur qui reflètent la lumière… La couleur est un outil de conception à part entière qui vient valoriser l’architecture traditionnelle.
Simplicité et plasticité sont les maitres mots. On ne sait pas réellement ou s’arrêtent les murs et où commence le plafond. Toutes les arrêtes sont arrondies, l’espace est sensuel, caractérisé par le mouvement. Le tout crée une ambiance très singulière. Le dialogue entre l’ancien et le nouveau produit une atmosphère en harmonie avec ce lieu unique. En habitant ces espaces, on vit une expérience globale. Tous nos sens sont sollicités.
Habiter, l’influence de l’architecture
Je vais être honnête avec vous, quand notre hôte Maria nous a accueilli, je n‘ai presque rien écouté de toutes les précieuses informations qu’elle nous donnait. J’étais entièrement absorbée par la maison, dans un état proche de l’euphorie, complétement émerveillée. La maison avait saisi tous mes sens. Prise en otage, je ne pouvais prêter attention à rien d’autre. Quand Maria nous a laissé en nous confiant cet endroit merveilleux, mon premier geste a été de poser ma main sur un mur. Ma peau a rencontré la fraicheur de la paroi qui contrastait étonnamment avec l’étouffante chaleur extérieure. J’entrais en contact avec la maison, les présentations étaient faites. Je suis restée muette, interdite. Un immense sourire s’emparait de tout mon visage et menaçait d’exploser si je le retenais un instant de plus. A cet instant, je n’ai pas cherché à comprendre pourquoi cet espace exerçait une telle fascination sur moi. J’ai laissé de côté mes réflexes d’architecte qui me poussent à analyser le moindre détail des espaces singuliers que je rencontre. Je vivais pleinement ce moment, submergée par sa puissance.
Habiter cette maison a été une expérience incroyable. L’architecture a eu une réelle influence sur notre manière de vivre. Nous nous sommes immédiatement sentis biens, comme si l’espace nous était déjà familier. J’apprécie particulièrement les espaces épurés, c’est sans doute une des raisons qui me font tant aimer cette architecture. Je suis plus sensible aux lignes franches et aux espaces tenus, pourtant ces espaces arrondis, enveloppants, m’ont subjugués. J’avais l’impression d’habiter une sculpture. Ces parois épaisses à la géométrie parfaite mais insaisissable, ces percements justes qui transforment la lumière en matériau, des volumes purs sans décor, la couleur blanche omniprésente… Tout est d’une modernité éclatante.
Pourtant les fondements de ces espaces sont anciens, vernaculaires. Ces espaces ont plus été créés par nécessité que par choix. Les motivations étaient loin de tout désir d’esthétisme. La règle était le minimalisme matériel et spatial. Les habitants de l’île ont créé une architecture idiome. Il a fallu s’adapter à un environnement difficile, utiliser les ressources naturelles en inventant un mode constructif et des espaces qui répondent aux contraintes particulières du lieu. Une architecture vernaculaire ancienne et pourtant moderne. Curieux paradoxe. Si plus que la modernité de l’espace, c’était l’harmonie entre l’architecture et le lieu qui m’éblouissait ? Un insaisissable mélange des deux sans doute.
La valeur esthétique des constructions de Santorin est indéniable. Mais la qualité de vie dans ces espaces est tout aussi remarquable. J’ai particulièrement apprécié la fluidité des espaces. Comme dans un loft, il n’y a pas de porte, pas de cloisonnement inutile entre les espaces. Les espaces sont délimités par de belles ouvertures dans l’épaisseur des murs ou par des jeux d’emmarchement. Cette fluidité spatiale découle d’une contrainte technique : il fallait ventiler ces pièces creusées dans la terre qui ne s’ouvraient pas sur l’extérieur. Elle est renforcée par la création de meubles sur mesure parfaitement intégrés à l’architecture au point de ne faire qu’un avec elle. Le plein a été creusé avec ingéniosité et parfois les murs se prolongent en assise ou en table.
J’aimerais revenir sur une notion abordée plus haut : le « minimalisme spatial ». J’ai rarement eu l’occasion d’habiter un volume si pur. L’architecture s’est répercutée sur ma manière d’habiter. Inconsciemment je rangeais tout au fur et à mesure par respect pour le lieu. Chaque chose avait sa place parfaite, et la déranger c’était altérer la beauté de la maison. J’avais la sensation que si quelque chose est déplacée toute l’harmonie serait perdue.
Pourtant, j’occupais pleinement la maison, la vie, les usages n’étaient jamais contraints. J’ai infiniment apprécié le repos de l’esprit que me procuraient ces espaces. Au quotidien, je suis blessée par l’abondance de meubles hétéroclites, de décoration, de couleurs, de matériaux, des formes compliquées… Ici, non seulement les espaces étaient beaux, mais chaque meuble, chaque décoration, était choisi avec le plus grand soin et se mettaient réciproquement en valeur. Très peu de couleurs, le blanc, peu de meubles, simplicité des espaces, qualité de la lumière et des matériaux… Tout cela m’a procuré un plaisir de l’espace immense et une tranquillité d’esprit. J’étais apaisée par l’architecture. Je ne sais pas si j’irai jusqu’à dire que l’ornementation est un crime comme le célèbre architecte aux écrits controversés Adolf Loos. Cependant, je reconnais être d’accord avec lui sur certaines choses. L’absence d’ornementation n’est pas synonyme de pauvreté. Bien souvent, ces ornements cachent les imperfections de l’architecture. Il est bien plus difficile de réaliser des volumes simples, équilibrés. La richesse de l’architecture est dans la justesse des volumes, de la composition architecturale.
Comment ne pas citer Le Corbusier : « L’architecture est le jeu savant, correct et magnifique des volumes assemblés sous la lumière ». Cette phrase semble prendre tout son sens à Santorin. Adolf Loos, comme Le Corbusier, sont venus sur l’île. Connaissant leur rôle dans la naissance de l’architecture moderne, je ne peux qu’imaginer l’effet sensationnel qu’a produit sur eux l’architecture des villes sur la Caldera.
Parfois il m’arrivait juste de m’arrêter et de contempler la maison, comme si elle m’avait envoûtée. Car il y a une dernière chose dont je voudrais vous parler. Quelque chose qui se ressent mais qui ne s’écrit pas. Quelque chose qui relève plus de la sensation, de l’indicible. C’est cet impalpable facteur en plus, qui produit cette atmosphère si singulière. Il y a à Santorin, quelque chose de vivant dans les murs. Pour peu qu’on y prête un peu attention, on peut ressentir une vibration toute particulière. Le mot, qui à mon sens, conviendrait le mieux est : « énergie ». C’est quelque chose de propre à l’île. Je me suis demandée si c’était dû à la présence du volcan. Cette mystérieuse énergie est partout. Elle s’instille dans l’architecture, elle participe avec la lumière, les matériaux, les volumes à la beauté de l’île. Si on accepte d’être réceptif, nos corps profitent aussi de cette énergie.
En écrivant l’article sur l’architecture de Santorin, j’ai beaucoup parlé de l’harmonie entre l’architecture et paysage. A mon tour, j’ai essayé d’être en harmonie avec le lieu. L’Yposkafa m’a transmis sa force, désormais elle me connaît intimement. En retour de mon estime et de ma volonté de dialoguer, de vivre en harmonie, elle m’a offert son énergie. L’heure venue, je remercie la maison. Le cœur serré je ferme la porte, avec certitude profonde que nous nous reverrons.
Vu qu’on est plutôt sympas, nous vous laissons l’adresse du site internet de notre maison à Finikia. Si vous souhaitez vous rendre à Fosuites n’hésitez pas à écrire à Maria, qui vous rendra le séjour plus agréable en vous proposant plusieurs activités !
N’hésitez pas à vous renseigner en amont sur les disponibilités, les deux maisons étant souvent réservées.
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