Dwejra est célèbre pour son imposante arche découpée dans la falaise qui dessine un cadrage sur le bleu du ciel et de la mer. Petit à petit cette « Fenêtre d’Azur » a été  fragilisée par l’érosion naturelle et le tourisme. En mars 2017, l’Azur Window s’est effondrée à la suite d’une tempête. Mais même privée de son emblème, le site de Dwejra reste grandiose et incontournable sur Gozo. Nous nous y sommes rendus un soir, pour admirer le coucher de soleil.

Une fois arrivés sur la côte, nous nous retrouvons face aux  imposantes falaises de Dwejra. Nous cherchons où se situait encore la célèbre Azur Window il y a peu de temps. À certains endroits, la mer est retenue par des formations rocheuses où les gens viennent se baigner. Le site est aussi très connu pour son « Blue Hole » qui est un site de plongée très apprécié. C’est un trou d’eau circulaire entouré par la roche. Il est relié à la pleine mer par une arche sous-marine. Autre curiosité : une mer intérieure (« Inland Sea ») que vous pourrez également admirer à Dwerja, elle est reliée à la mer par un passage dans la roche.

Nous nous sommes promenés le long des falaises, fascinés par la géométrie de la roche. Le plein des falaises est creusé par la mer et le vent, qui créent ainsi des formes sculpturales. Des plantes poussent dans les interstices de ces formations rocheuses. Ce paysage ne semble pas hospitalier, aride et balayé par le vent. Pourtant la flore tire partie de la moindre aspérité dans la roche pour s’abriter et conserver de l’eau. Nous avons pu observer des des euphorbia melitentis qui rougissent au début du printemps, des helichrysum melitense, une espèce rare et menacée, ou encore de magnifiques capriers. Ces impétueuses falaises n’en finissent pas de nous captiver. Au loin, le soleil commence sa descente vers la mer.

De ce lieu, nous connaissions les photographies d’une arche de pierre triomphante sur une mer bleue et sereine, inondée d’une chaude lumière estivale.

Le soleil déclinant a donné aux falaises une couleur plus profonde. Ce soir là, la mer s’agitait, dévoilant à toute âme attentive, un infime fragment de la fureur qui pouvait s’emparer de ce paysage.

Passée l’image de carte postale grandiose auxquelles mes lectures avaient conditionnées mon esprit, je fus saisie par la brutalité du lieu, que la beauté avait dans un premier temps dissimulée. Debout en haut des falaises, je ne pus réfréner un frisson en imaginant ce paysage sous la tempête.

Je marchais sur un champ de bataille, témoin des affrontements entre terre et mer. Les vertigineuses falaises s’élèvent comme un rempart face aux assauts de la mer et du vent, révélant la force du conflit de territoire qui oppose en ce lieu ces deux éléments. Mon regard se pose sur l’absence de la Fenêtre d’Azur, dernière victime de ce combat séculaire. Je laisse mon corps et mon esprit s’imprégner de la puissance de ce paysage façonné par la lutte.

La douceur du soleil couchant me ramène au calme de l’instant présent. De nouvelles nuances peignent la pierre beige. Les rayons caressent les plantes et nous réchauffent encore quelques instants avant de laisser place à la nuit. Nous profitons des dernières lueurs du jour pour regagner la route, nos esprits encore bousculés par la grandeur du paysage que nous avons découvert.